Un futur Goncourt ?
CLARA DUPONT-MONOD, LA PASSION SELON JUETTE, Grasset, 233 pages, 2007. Genre : la vie de Juette au XIIème siècle entre religion et liberté.
J'avais envie de lire ce livre non pas à cause de sa sélection au Goncourt mais parce que l'auteur, à travers ses débats d'idées dans feu en aparté, m'a donné envie de découvrir ce qu'elle écrivait. L'actualité littéraire de cette rentrée tombait plutôt bien.
Juette est une jeune fille de 13 ans qui vit dans un petit village de l'actuelle Belgique, Huy. A cet âge-là, il serait temps qu'elle sache coudre si elle veut trouver un mari. C'est en tout cas ce que pense sa mère. Pas Juette. Elle observe autour d'elle la vie des autres, la religion et les religieux (pourquoi font-ils l'inverse de ce que Dieu leur demande ?) dont Hugues qui est son ami et confident et aime par-dessus tout écouter des histoires et les raconter. Elle semble plutôt heureuse au milieu de toutes ses interrogations jusqu'au jour de ses 15 ans où elle se marie et découvre l'indicible. Est-ce normal ce qui se passe tous les soirs dans la chambre à coucher ? Pourquoi tant de souffrance dans ce corps qui ne lui appartient plus ? Tout bascule et Juette refuse cette vie, ce mari et même les enfants qu'il essaie de lui donner. Elle ne redeviendra elle-même qu'à la mort de son époux quand elle pourra rejoindre le clan des veuves (est-ce vraiment le cas ?)
Clara Dupont-Monod nous emmène au moyen âge pour nous faire suivre le cheminement en deux temps de cette jeune fille. D'abord, le refus et le repli sur soi puis la liberté retrouvée en aidant les lépreux du village. Évidemment, l'époque n'est pas connu pour sa tolérance et l'on devine que tout ça ne se fera pas sans heurts. Très honnêtement, ce livre se lit très facilement grâce au style vif de l'auteur (les phrases sont courtes et simples) et j'y ai trouvé mon péché mignon de lecture, la polyphonie. L'histoire est racontée grâce au récit de deux personnages alternativement : Juette et Hugues. Ceci dit, j'ai été un peu déçue. Je crois que je m'attendais à un récit beaucoup plus fort, plus chargé en émotion que ce que j'y ai ressenti. Ou peut-être que je m'attendais tellement à adorer ce livre (j'ai un faible pour le moyen âge et les beaux portraits de femme) que je ne pouvais qu'être déçue par sa lecture. De là à savoir s'il mérite le Goncourt ? Mais est-ce que le Goncourt signifie encore quelque chose vue les intérêts en jeu et les mains mises des grosses maisons d'édition ?
Bonne lecture...