Je n'aimais déjà pas beaucoup ce prénom...
LIONEL SHRIVER, IL FAUT QU'ON PARLE DE KÉVIN, Belfond, 486 pages, 2006. Traduit par Françoise Cartano. Genre : un autre Columbine.
J'ai fini ce livre dimanche et depuis j'ai des difficultés à me plonger dans autre chose. J'avais envie de le lire depuis sa sortie mais je ne l'imaginais pas aussi dur. En tout cas, Kévin reste un prénom que je n'aime pas (goût très prononcé depuis mes années dans l'éducation nationale, allez savoir pourquoi...).
Eva Khatchadourian écrit des lettres à son mari dont elle est séparée. Elle lui raconte son histoire, la leur et celle de leur fils, Kévin. Celui qui a fait basculer leur vie le jour où il a décidé de tuer des camarades de lycée. Eva remonte dans ses souvenirs et nous peint le portrait d'un petit démon, qui la laisse perplexe. Comment en est-elle arrivé à aller voir son fils en prison ? Pourquoi a-t-il commis cet acte atroce et irréparable ?
Ce roman m'a mis mal à l'aise dès le début. Cette mère qui parle de son fils le fait sans vraiment d'amour dans les mots qu'elle emploie. On se rend compte que très vite, elle le rejette, regrettant finalement cette grossesse qui ne s'est pas passé comme prévu. Entre la mère qui ne voit que le mal dans son fils et le père qui le considère comme un incompris persécuté, qui a le regard le plus lucide sur Kévin ? Eva déroule les fils de la chronologie et petit à petit la vérité apparaît dans sa cruauté et dans son indicible. J'ai été horrifié par l'acte de cet ado (et tous ceux qui sont cités). Aux Etats-Unis, c'est malheureusement courant, ailleurs moins. Pourquoi ? Quelle est la différence ? La NRA ? Une certaine perversion dans la société ? Le niveau de vie ? Je ne sais pas mais en tout cas, ça fait froid dans le dos... Je ne peux que vous en conseiller la lecture mais attendez-vous à être bousculé, désorientée voire horrifiée par cette histoire. Mais tout ça dans le bons sens et pas gratuitement. Coup de chapeau à l'auteur (et à la traductrice) qui ne cherche pas la complaisance et la facilité.
Bonne lecture...